Fakarava est un atoll constitué d'une immense barrière de corail en forme de rectangle de 60 km * 25 km. Il est situé à 450 km au nord est de Tahiti. La passe nord (« Garuae ») est la plus vaste de la Polynésie (1.6km de large). C'est une île peu touristique, sauvage
.
C'est en plongeant à Fakarava que j'ai rencontré Joséphine.

Nous partons du centre du « Te Ava Nui » pour une plongée le long de la passe, le courant étant sortant. Arrivé sur site, nous nous équipons, puis mise à l'eau. Nous avons rejoins la zone coralienne, dans la zone des 25m. La visibilité est bonne, l'eau est à 29°. Après quelques minutes d'exploration, Elle arrive. Lentement, gracieusement. Elle, c'est une Raie Manta. Elle nage parallèle au reef , ses rostres déployés, apparemment en confiance. Elle ralentit légèrement, et la palanquée (5/6 plongeurs) se plaque au sol afin de ne pas l'effrayer. Cette tactique porte ses fruits puisque elle se stabilise au dessus d'un massif coralien et comme à tourner en rond. Les minutes s'écoulent, magiques, face à ce qui est l'un des plus beaux spectacles de l'océan. Enhardi par son calme, nous nous rapprochons petit à petit.
La distance nous séparant de l'animal se réduit petit à petit, et bientôt les premiers plongeurs, dont moi et mon petit appareil, nous nous retrouvons à moins de trois mètres, moins de deux mètres… Elle est souveraine, les labres bleus s'activent sur elle. Elle ouvre grand sa gueule, afin de permettre aux petits nettoyeurs bleus de s'activer et d'optimiser leur efficacité ( !) . Quelques minutes plus tard, je me rapproche encore pour prendre une photo de très près, mais toujours pas effarouchée, elle continue son ballet… Plus de 30 minutes se sont écoulées maintenant. Nous sommes toujours sous son charme, résistant à la tentation de la toucher, tellement elle est proche. 

Soudain, une agitation parmi les plongeurs : apparemment, quelqu'un a vu quelque chose. Comme toujours dans ces cas là, on regarde à droite, à gauche, on s'interroge, qui a vu quoi… Mon binôme sur ma gauche pointe alors son doigt dans le prolongement du récif, légèrement vers le large. Nous avons une autre visite, de celle dont rêvent beaucoup de pieds palmés, ou même peut-être tous les pieds palmés : un dauphin. C'est un tursiops de plus de 2m de long, qui doucement se rapproche de nous. Moment magique !

 Il passe à quelques dizaines de centimètres de moi et mon binôme, mais je sais par expérience que les dauphins sauvages ne se laissent pas toucher, alors inutile de bouger. Elle – car c'est une femelle – continue son chemin en passant entre les plongeurs, et l'un d'entre eux n'hésite pas et tend la main, caresse l'animal qui ne se dérobe pas. Elle arrive vers JC (le patron du Te Ava Nui). Celui-ci, alors, enlace doucement le dauphin de ses deux bras et se laisse entraîner sur quelques mètres, avant de relâcher prise. Je suis sur que tous les plongeurs du groupe ont eut à ce moment là la même réaction, d'émerveillement et d'envie conjuguées. Pour ma part, j'espérais que les photos que j'avais prises n'étaient pas trop ratées. 

La dauphine ayant disparue dans le bleu, je m'aperçu à ma grande honte que nous avions mais alors totalement laissé tomber notre petite (2.50 d'envergure approximativement) Manta. Laquelle était toujours présente, fidèle au poste. Mais bientôt les 45mn au fond, et il est temps de se séparer. Nous remontons vers la surface, gardant le plus longtemps possible en vue notre amie ailée… De retour sur le bateau, j'ai appris par JC que « Joséphine » est une dauphine qui croise dans les parages, en manque d'affection, de communication. C'est un peu la star locale ! Etait-ce la dernière fois que je la rencontrais ?

Que nenni ! Deux jours plus tard, toujours par courant sortant, mon binôme aperçut Joséphine le premier. Instruit par l'expérience, il fut le premier à prodiguer caresses et encouragement au dauphin. Et après avoir pris la photo, je fus le second… Ce qui est amusant, c'est qu'elle semblait faire le tour des plongeurs pour avoir sa petite dose de réconfort, avant de repartir dans le bleu. Un seul regret : JC m'a demandé si j'avais pu avoir sur la même photo le dauphin et la Manta. Malheureusement, je n'ai pas été en mesure de prendre ce cliché, mais heureusement, j'ai pu les immortaliser séparément sur la pellicule, et dans mes souvenirs…