Club / Bateau Scuba Mozambique
Y aller Paris / Johannesburg/Vilanculos
Décalage -
Meilleure période Mai - Septembre
Type de plongée Tombant, dans le bleu
Points forts Pélagiques.
Points faibles Loin,  pas de couleurs
Autre fiche -
Film / Photos oui / oui
Commentaires BMPP  du 15/06/10 : 

Ceci est le compte rendu de ma croisière à Bassas-da-India, situé dans le canal du Mozambique.

Il reste dans le monde quelques endroits un peu mystérieux, car très éloignés et surtout peu plongés, que ce soit à cause de la distance ou pour tout autre raison. Les Iles Eparses dont fait parti Bassas-da-India (avec Europa, Juan de Nova, les Glorieuses, et Tromelin) sont un ensemble d’iles françaises protégées par l’armée française qui en a fait un sanctuaire terrestre et marin, et où les permis de plonger sont accordés au compte goutte.

J’avais été en contact en 2009 avec une agence de voyage sud-africaine (Scuba Mozambique) pour monter un voyage au Mozambique. Ce dernier ne s’était finalement pas finalisé, mais j’avais exprimé mon intérêt pour Bassas, puisqu’ils pensaient le monter déjà cette année là. Mi-mai de cette année, j’ai été recontacté par l’agence qui me faisait une proposition…difficile à refuser, pour un départ j+2 semaines.

Y aller
Vol direct Paris-Johannesburg par Air France en A380. Je suis parti avec un sac de 23/24 kg, sans problème à l’enregistrement (20kg normalement). Appareil neuf, avec des aménagements cabines corrects, mais pas aussi bons que sur l’A380 de Singapour Airlines. Nourriture assez moyenne. Par contre équipage cabine vraiment top, à l’aller et au retour. Au retour, on vous fait passer sur une balance avant d’aller au comptoir enregistrement. On m’a annoncé 20kg avec une tolérance à 23kg, donc j’avais un excédent de 2kg. Au comptoir AF, on m’a alors annoncé que les 2 kilos supplémentaires correspondaient à un bagage supplémentaire, et que donc je devais la modique somme de … 50€. Une fois le choc passé, j’au eu beau argumenter et tempêter, rien à faire. Du coup, j’ai allégé mon sac en bourrant mon sac à dos, ce qui ne change pas le poids total dans l’avion, mais répondait aux règles courtelinesques de notre compagnie nationale. Inutile de dire que pour mon prochain voyage en Afrique du Sud, je prendrais Emirates.

Comme je ne faisais que passer à Jo’Burg, j’avais réservé à l’Airport Grand Hotel, à moins de 10mn de OR Tambo. Il y a une navette toutes les 30mn, à aller prendre derrière l’Intercontinental. C’est un B&B, donc pas de restaurant à proprement parler. Il y a quelques avions qui passent parfois au dessus des têtes, mais très peu de nuit, et il est confortable.

Départ le lendemain pour Vilanculos (Mozambique) par Pelican Air. Prix exorbitant du billet d’avion, poids total des bagages avec un forfait plongeur de 30+5 ; attention ils pèsent le bagage cabine, et du coup j’ai du payer 15€ de supplément.
Vol en ATR de moins de 2 heures. Les paysages sont assez étonnants.

Au Mozambique, il faut 25$ pour le visa, c’est un peu la foire, bienvenue en Afrique !

A Vilanculos, hébergement à la Casa Rex, endroit superbe qui domine la baie ou l’on peu observer les pêcheurs à marée haute.

La croisière
C’est là ou j’ai retrouvé les autres passagers et les guides de la croisière. Outre Dave de ScubaMozambique, nous avons été accompagnés par Johan Boshoff, figure très connue de la plongée en Afrique du Sud. Photographe, vidéaste, ayant travaillé pour de nombreuses TV étrangères, ayant fait des milliers de plongées avec les gros requins d’Afrique du Sud, spécialiste Tek ayant participé à la recherche du cœlacanthe en profonde (>150m), spécialiste des plongées en « cave », notamment au Zimbabwe, rédac-chef de "DiveStyle", plus ancien magazine de plongée sud-af, et surtout – si c’était pas assez – concepteur d’une encyclopédie multimédia recensant toute la faune sous-marine de l’Océan Indien, donc 80% de la faune mondiale. Pour ceux qui partent avec leur ordi, pour 30€, c’est génial (en anglais et pour pc). Allez voir sur www.marinelife.co.za. Il nous a fait durant le trajet, un briefing sur le comportement des requins selon les espèces absolument passionnant. Il faudrait en faire profiter tous les plongeurs !

Notre bateau, suite à des problèmes de dernière minute, a été changé, et a donc été réduit en longueur et en capacité. Nous ne serons donc que 5 clients, deux guides, plus le capitaine et sa femme sur un catamaran de 40pieds, le Maximilian. Paul le capitaine, a été à de nombreuses reprises à Bassas, il connaît bien, a installé ses corps-morts, très respectueux de la faune et flore, bref un excellent professionnel. Par rapport à ma dernière croisière à Chuuk sur l’Odyssey, il est clair que le confort et l’espace a été divisé par 10 !! Et en plus, à une vitesse moyenne de 5 nœuds, il nous faudra près de 48h pour arriver à Bassas, contre 10h de moins au retour (merci le vent et les courants !). Nous passerons 6 jours sur zone.

Bassas est un atoll coralien d’environ 12km de diamètre, immergé à marée haute ce qui explique les nombreux naufrages qui ont émaillé son histoire depuis plus de 400 ans. On peut débarquer sur le récif à marée basse, et observer les nombreux petits poissons piégés dans les flaques d’eau de mer. En plein canal du Mozambique, à mi-distance de l’Afrique et de Madagascar, l’ile est exposée aux intempéries, donc autant dire que la météo – le vent notamment – joue un rôle considérable, pour la traversée et pour les plongées. La fenêtre pour plonger à Bassas est courte, de mai à septembre environ. Quand le vent souffle, la mer se creuse rapidement, et ce seront des vagues de 4m que la bateau aura à affronter sur le coté « exposé ». Les prévisions météo se révèleront en général assez fausses tout au long du séjour.

Les plongées
Pour des raisons de sécurité, Johan plongeait avec un dévidoir relié à une bouée en surface. Le bateau nous suivait en permanence. Mise à l’eau depuis le cata. Il faut savoir que la barrière de corail descend sur un plateau de 20m environ, large lui-même de quelque dizaines de mètres, puis c’est le tombant vers les abimes. Le canal du Mozambique atteint des profondeurs maximales de 5000m, et à quelques encablures de Bassas, ça va parfois très vite. Donc la mise à l’eau et la récupération des plongeurs ne peut se faire qu’à proximité du récif, car si les plongeurs sont pris dans un courant dans le bleu et commencent à dériver, la suite peut vite tourner au drame. Problème, gérer un cata à 10m des récifs avec un fort vent et des vagues de 4m pour récupérer des plongeurs… Donc nous avons fait une plongée côté « exposé », et les autres côté « protégé ».

Y voir quoi
Bassas a la réputation d’être un endroit ou l’on peut tout voir, en quantité : banc de centaines de marteaux, Requins du Zambeze ( bouledogue) en pagaille, Tigre, Grand Blanc, Baleine, Requins baleines, Silver Tip, j’en passe et des meilleurs. Un Coco bis, avec en plus une meilleure visibilité, et moins de pluie. Ben le problème, c’est qu’on a rien vu de tout ça. On a même rien vu du tout. Alors certes la seule plongée côté « exposé » a été la plus belle, plongée Silver Tip (Albimarginatus), avec à un moment 17 animaux autour de nous, ce qui est plutôt exceptionnel. Mais toutes les autres plongées côté protégé, rien à part les énormes loches (>1m20 – 100kg), et une fois un Marlin. Le comble, c’est que deux nuits, au mouillage, à l’arrière du bateau donc en surface, nous avons vu la première fois un marteau et un Silver Tip, et la nuit d’après 4 Zambezes, dont deux énormes de + de3 m. Alors ? Nos guides étaient dans l’incompréhension la plus totale. Johan avait accepté d’encadrer ce voyage, car il avait eu des témoignages de première main d’amis ou de connaissances expérimentés décrivant Bassas comme LE site de plongée le plus exceptionnel de l’Océan Indien.

Un phénomène météo genre El Nino ? Ou un gros manque de chance ? Ou au contraire ce sont les autres croisières qui ont eu un gros coup de bol ? Même en emmenant des appâts, on a rien vu. A un moment, Paul a eu une réflexion du genre « vous savez, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin ».

Les sites ne sont pas répertoriés, et après tout la circonférence de l’ile fait 32km, mais il est certain que le pélagique est tout autour de l’ile. J’ai toutefois remarqué qu’il n’y avait aucune station de nettoyage comme à Coco ou à Darwin (Galapagos). Mais les Eparses sont les seuls structures émergeant, donc il serait logique d’attirer des « visiteurs ». Certes une seule plongée a été faite côté « exposé », mais il est bizarre que nous n’ayons rien vu sur quasi toutes les autres plongées.

Sinon, le récif est en bon état, pas spectaculaire mais sympa, pas excessivement poissonneux sauf quand s’y baladent les bancs de fusiliers. Comme on est en hiver dans l’hémisphère sud, il fait nuit à 17h, sans compter les problèmes de marée, donc en moyenne deux plongées par jour. On est à trois ou quatre jours d’une structure hospitalière digne de ce nom, alors prudence. Il fait bon, genre 23/26°, température de l’eau à 25/26°. Un peu de courant, pas méchant. Visi moyenne côté protégé, excellente côté exposé.

Quand nous sommes arrivés, il y avait un autre navire, qui est resté 24h, et nous avons été rejoins par un autre cata 4 jours après. Cata comme catastrophe, car même plus grand et confortable, il a connu des problèmes de compresseur et de transformateur, du coup c’est notre capitaine qui a du lui donner un coup de main. Prévu pour 4 jours, ils n’ont pu plonger qu’une seule journée…Ambiance à bord du navire…En plus ce bateau n’utilisait pas les corps morts. Je pense que les autorités françaises devraient être plus regardantes sur les autorisations délivrées.

Il n’y a pas de croisière plongée en Afrique du Sud, pas de navires adaptés, pas de gens expérimentés en ce domaine. En plus, monter des structures au Mozambique est assez folklorique.

Dave va monter d’autres croisières, et je devrais avoir des news. Je sais aussi qu’un TO suisse a monté une expédition pour septembre, j’espère qu’il y aura un CR bmpp. Retour à Vilanculos à Casa Rex ; retour sur Jo’Burg avec LAM – enregistrement un tantinet folklo à l’aéroport ; quand j’ai vu ma valise partir sans l’étiquette de destination, j’ai subi une légère crise d’angoisse. Pas de soucis avec le poids, même si un des employé a tenté de me soutirer un bakchich.

Arrivé à OR Tambo à l’heure, j’ai tenté de changer mon billet sur AF pour rentrer le jour même au lieu de rester 24h de plus. Malgré des places disponibles, il ne m’a pas été possible de modifier mon billet. Du coup, j’ai passé ma dernière nuit au même endroit qu’à l’aller.

Au final, voyage découverte et explo, très sympa dans l’ensemble, pas de regrets, mais plongées très décevantes. Ce qui est frustrant, c’est que je ne sais toujours pas si ça vaut le coup d’aller là-bas ou non. Vu le prix exorbitant du voyage, ça mérite réflexion.
Conclusion : Voyage décevant mais toujours en point d'interrogation sur son intéret.